Les marins du ciel
L’histoire peinte d’un équipage
«In the Navy !» Étude sur les aéros de la Marine
« La mission est aussi vécue par celles et ceux qui restent ».
Dans cette série de tableaux en cours de réalisation, j’ai expérimenté en mélangeant la technique de la peinture avec le cinéma. On y retrouve donc du texte style vostfr, une succession de plans, du hors-champ, du panoramique, du gros plan, du découpage…
Ce travail s’appuie sur une multitude de photographies personnelles. Les mots sont extraits tels quels d’une correspondance épistolaire.
Inspiré du travail de Jacques Monory.
Communication
© Clothilde Prévost, ADAGP, 2025
Cette œuvre raconte le passage d’une frégate en mode fantôme, quand toutes les communications extérieures sont coupées.
La scène se déroule à cheval entre l’intérieur et l’extérieur, symbole d’une tentative d’immersion. Les personnages sont entassés dans un cadre serré. Bien qu’ils occupent tout l’espace, ils sont insaisissables pour le spectateur : l’un présente son dos, l’autre a les yeux absents. Même le personnage central, qui pourtant fait face, porte un regard vide et sombre derrière une cagoule, sur le spectateur.
Devant cette scène bouchée et hors d’atteinte, un message nous est transmis par les mains. Il est naïf, universel, simple, décalé. C’est pourtant ce qui a de plus beau, c’est à dire de l’amour, envoyé envers et contre toutes restrictions, en silence, à la personne en dehors de la toile, en dehors du bateau, loin de l’agitation du bord et coupé de tout.
Les cercles viennent colorer en différentes strates la scène. Tour à tour jaune, rouge, bleu, la toile se révèle par morceau, parfois négatifs. A la manière d’un glitch, ces couleurs illustrent les barrières et le brouillage des communications. Seul au centre apparaît plus clairement le message délivré par les mains, déjà teinté d’un sépia faisant écho au souvenir d’un passé amoureux. Le texte, écrit à la manière d’un sous-titre en voix off, nous pousse à impertinemment saisir le message et déjouer les barricades.
Acrylique sur toile, 100x81cm
J'aimerais
© Clothilde Prévost, ADAGP, 2024
« J’aimerais » explore le sentiment de solitude chez les marins en mission.
L’isolation d’abord, par l’entassement des hommes qui répond aux tentacules des machines leur permettant le voyage et la survie en mer. Les espaces exigus s’ouvrent sur des territoires océaniques démesurés mais surtout hostiles et vides. Ainsi, les espaces intérieurs confinés et extérieurs désertiques rapportent la difficulté de la traversée. Même le personnage du premier plan qui se tourne vers le spectateur a son regard séparé par un masque. Les obstacles s’accumulent, imposent et creusent la distance entre les marins et le monde.
La chaleur, ensuite, qui se manifeste dans cette solitude étroite par une phrase placée en bas du tableau, comme une voix off, une pensée, une bouteille à la mer. Ces quelques mots témoignent le besoin d’un geste tendre, plein d’amour, rendu impossible par les conditions de vie. Et le rouge brûlant du tableau provient d’une source lumineuse artificielle et inquiétante.
Acrylique sur toile, 120x40cm.
Espoir
© Clothilde Prévost, ADAGP, 2023
L’espoir transporte. Cette réflexion apparaît par le contraste entre les éléments picturaux et la phrase écrite.
En premier, la terre évoquée est supplantée par le ciel et la mer, et se révèle étrangère au paysage du marin. La présence d’une arme et d’une bouée de survie se heurte à l’inquiétude formulée. C’est ainsi que le monde hors-champ cité prend place et s’oppose au monde dessiné.
Fortement inspiré du 7e art, le mélange de noir et blanc avec le glacis jaune permet la séparation et la lecture des plans. Le contre-jour qui aveugle et souligne en même temps les silhouettes apporte une dimension photographique, comme un instant volé et gravé, à la manière d’une lettre adressée au monde extérieur.
Acrylique sur toile, 120x40cm.
Bonjour

© Clothilde Prévost, ADAGP, 2025
Bleu Marine
© Clothilde Prévost, ADAGP, 2023